Certainssaints sont reconnus comme se manifestant avec des odeurs de parfums. J'aime Je n'aime pas : Professeur X Membre . Date d'inscription: 16/06/2010 Nombre de messages: 11176 Age: 53 Ville: systÚme solaire: Sujet: Re: Odeur de "parfum" Dim 25 Mar 2018 - 20:12: Hum , je me demande si pour une certaine part il n'existe pas une mémoire olfactive et si

Mardi 20 octobre 2015 à 2100 Il suffit parfois d'une odeur ou d'un parfum pour se replonger dans le passé ou pour penser à une personne qui nous est chÚre. © Fotolia Quelles sont les odeurs qui vous rappellent votre enfance? Celles qui vous rendent nostalgique? Pourquoi sommes-nous si attachés à certaines odeurs ou parfums? On en parle avec l'anthropologue Annick Le Guérer. Annick Le Guérer a écrit deux livres sur ce thÚme aux éditions Odile Jacob "Le parfum, des origines à nos jours" et "Les pouvoirs de l'odeur". Plus d'informations sur son site internet.

Lentreprise est allĂ©e jusqu'Ă  dire que l'essence «était une odeur plus populaire que celles du vin et du fromage, et se classait quasiment Pouvions-nous faire titre plus engagĂ© ? Difficile Ă  dire mais il est vrai que nous aurions pu ĂȘtre impartiaux et titrer La chimie en parfumerie » ou encore chimie et parfum ». Malheureusement ces deux phrases manquaient d’un sĂ©rieux parti pris. Or un tel sujet incombe une position franche et sans concession tant il divise, dĂ©chire, passionne l’industrie moderne des cosmĂ©tiques. Pourquoi de plus en plus d’entreprises prĂŽnent-elles le 100 % naturel dans leurs parfums ? La chimie est-elle vraiment l’ennemie comme on peut l’entendre aujourd’hui dans certains discours ? Pouvons-nous vraiment envisager une parfumerie sans chimie ? Face Ă  ces questions, chez violet nous avons notre petite idĂ©e, laissez-nous vous en convaincre. La chimie a rĂ©volutionnĂ© la parfumerie moderne. C’est un fait, une Ă©vidence, un axiome mĂȘme. Sans la chimie appliquĂ©e aux parfums nous serions encore aujourd’hui rĂ©duits Ă  porter des parfums de la famille du vinaigre des quatre voleurs et comme son nom l’indique, son odeur ressemble Ă  s’y mĂ©prendre Ă  celle d’une vinaigrette. Que ce soit l’utilisation de la coumarine dĂšs 1889 dans le Jicky de Guerlain, ou le cĂ©lĂ©brissime Chanel N° 5 et son bouquet aldĂ©hydĂ©, la chimie a rĂ©inventĂ© la parfumerie et ce dĂšs 1850. Vous nous direz alors qu’il faut aller de l’avant et ne pas se servir du passĂ© comme seule rĂ©fĂ©rence mais il faut alors prĂ©ciser que ces mĂȘmes parfums, vieux de plus de cent ans continuent aujourd’hui d’inspirer la plupart des crĂ©ations modernes. Le parfumeur a dĂ©couvert un nouveau monde. Plusieurs milliers de nouvelles matiĂšres premiĂšres ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es au fil du temps Ă  la palette du parfumeur. De quoi lui donner le tournis surtout lorsque l’on sait qu’il Ă©tait rĂ©duit auparavant Ă  composer avec quelques centaines de notes. La chimie a permis de facto de booster sa crĂ©ativitĂ©. Il a pu ainsi ĂȘtre libre, imaginatif, subjectif mĂȘme, et crĂ©er des odeurs qui ne ressemblaient en rien Ă  la nature. Nous irons plus loin en disant que la chimie a Ă©levĂ© le parfumeur au rang d’artiste et lui a permis de proposer des parfums s’écartant complĂštement des schĂ©mas imaginables. La chimie a des bienfaits dont certains Ă©cologiques. Attention, une phrase Ă  ne pas mettre entre toutes les mains mais la production de matiĂšre premiĂšre naturelle peut s’avĂ©rer ĂȘtre source de conflits. Surproduction, dĂ©frichement, appauvrissement des sols et des ressources, destruction des Ă©cosystĂšmes, pollutions agricoles, extrĂȘme prĂ©caritĂ© des exploitants, marchĂ© parallĂšle, les formes de violences sont nombreuses et malheureusement trop souvent prĂ©sentes. MĂȘme si l'agriculture est vitale et protĂšge plĂ©thore d'acteurs, la chimie, permet dans de nombreux cas, d’allĂ©ger les attentes toujours grandissantes du marchĂ© mondial et diminuer la pression sur les petites exploitations, les premiĂšres victimes des injustices. De plus la synthĂšse de matiĂšre premiĂšre d’origine animale permet d’éviter l’exploitation de ces derniers. Civette, castorĂ©um, chevrotin porte musc, autant de molĂ©cules qui proviennent aujourd’hui de laboratoire et non de la nature. L’idĂ©e largement vĂ©hiculĂ©e prĂŽnant les bienfaits du naturel et qu’il serait bien moins dangereux que la chimie a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© traitĂ© dans l’article sur le BIO en parfumerie, lien ci-joint. Attention spoiler il va sans dire que rien n’est moins vrai. Cependant, il serait erronĂ© de penser que la chimie n’a que du bon. Aujourd’hui lorsque l’on sait que le synthĂ©tique reprĂ©sente, selon diverses sources, entre 50 % et 90 % de la formulation en gĂ©nĂ©ral, on peut lĂ©gitimement se poser des questions. Avons-nous trop conquis le continent artificiel ? La chimie est lĂ  pour soutenir le naturel Le naturel reste indĂ©niablement l’ñme du parfum. Il apporte cette dimension riche et gĂ©nĂ©reuse qu’aucune formule 100 % synthĂ©tique ne pourrait se targuer d’avoir. Une profondeur que seule une rose et ses centaines de composĂ©s chimiques peuvent offrir. Une force que seul le jasmin et ses mille facettes peuvent donner et la chimie au milieu, est avant tout prĂ©sente pour sublimer la nature. Nous avons besoin de la chimie en parfumerie. Que ce soit pour des questions de crĂ©ativitĂ©, de stabilitĂ©, de coĂ»t ou encore de disponibilitĂ© des volumes, il est aujourd’hui impossible de s’en passer. Chez Violet nous voulons faire le mĂ©lange de ce qu’il y a de mieux dans les deux familles. Proposer ainsi des parfums aussi riches que crĂ©atifs. Mais pour imaginer un monde meilleur, il est nĂ©cessaire d’apporter de l’éthique dans les formules. DiffĂ©rencier la pĂ©trochimie de la chimie verte, du substitut au similaire et se libĂ©rer pour de bon de la chimie polluante, avide de gaz, de pĂ©trole et autres Ă©nergies fossiles. Nous ne pouvons ĂȘtre, pour le bien de la parfumerie, partisan de la mort de la chimie, juste de son Ă©volution en chimie verte. Car s’en dĂ©barrasser complĂštement ne serait pas une Ă©volution mais au contraire une rĂ©gression. AprĂšs tout, entre le naturel et la synthĂšse, l’alchimie est grande. ParfumsFemme Maroc Authentique Parfumerie en ligne MAROC - RABAT - SALE TEMARA CASABLANCA livraison dans moins de 24H Bonjour, Comme vous avez choisi notre site Web pour trouver la rĂ©ponse Ă  cette Ă©tape du jeu, vous ne serez pas déçu. En effet, nous avons prĂ©parĂ© les solutions de CodyCross Se dit d’une odeur de parfum. Ce jeu est dĂ©veloppĂ© par Fanatee Games, contient plein de niveaux. C’est la tant attendue version Française du jeu. On doit trouver des mots et les placer sur la grille des mots croisĂ©s, les mots sont Ă  trouver Ă  partir de leurs dĂ©finitions. Le jeu contient plusieurs niveaux difficiles qui nĂ©cessitent une bonne connaissance gĂ©nĂ©rale des thĂšmes politique, littĂ©rature, mathĂ©matiques, sciences, histoire et diverses autres catĂ©gories de culture gĂ©nĂ©rale. Nous avons trouvĂ© les rĂ©ponses Ă  ce niveau et les partageons avec vous afin que vous puissiez continuer votre progression dans le jeu sans difficultĂ©. Si vous cherchez des rĂ©ponses, alors vous ĂȘtes dans le bon sujet. Le jeu est divisĂ© en plusieurs mondes, groupes de puzzles et des grilles, la solution est proposĂ©e dans l’ordre d’apparition des puzzles. Vous pouvez Ă©galement consulter les niveaux restants en visitant le sujet suivant Solution Codycross FRAGRANCE Nous pouvons maintenant procĂ©der avec les solutions du sujet suivant Solution Codycross Inventions Groupe 51 Grille 3. Si vous avez une remarque alors n’hĂ©sitez pas Ă  laisser un commentaire. Si vous souhaiter retrouver le groupe de grilles que vous ĂȘtes entrain de rĂ©soudre alors vous pouvez cliquer sur le sujet mentionnĂ© plus haut pour retrouver la liste complĂšte des dĂ©finitions Ă  trouver. Merci Kassidi Amateur des jeux d'escape, d'Ă©nigmes et de quizz. J'ai créé ce site pour y mettre les solutions des jeux que j'ai essayĂ©s. This div height required for enabling the sticky sidebar
Cetarticle sera dĂ©diĂ© Ă  trois conventions du monde de la parfumerie: La pyramide olfactive, la tenue et la concentration. Nous essayerons de lever le voile sur certaines interrogations rĂ©currentes lors de vos balades en boutique ou sur divers sites internet. PremiĂšre convention: Les pyramides olfactivesIl est souvent question de note de tĂȘte, de note de coeur
Skip to main content Purificateurs d'air DĂ©couvrir la purification d'air prĂ©ventive Pourquoi utiliser des purificateurs d’air par photocatalyse ? La photocatalyse comment ça marche ? Purificateurs d'air OXYMORE Nos Produits OXYMORE Comment choisir son purificateur ? Comment utiliser son purificateur ? Entretien et maintenance ? DĂ©contamination DĂ©couvrir la dĂ©contamination Ă  l'ozone Pourquoi dĂ©contaminer Ă  l’ozone ? L’ozone comment ça marche ? Simulateur des dĂ©lais de traitement Ă  l'ozone GĂ©nĂ©rateurs d'ozone RETRO Nos Produits RETRO Comment choisir son ozoneur ? Utilisation & Maintenance des ozoneurs Diffuseurs de parfum DĂ©couvrir le marketing Olfactif Le marketing olfactif, pourquoi parfumer vos espaces ? La nĂ©bulisation VENTURY, comment ça marche ? "Fragrance Signature" Un parfum de rĂ©volution Le Logo Olfactif Votre parfum sur mesure Diffuseurs de parfum VENTURY Nos Produits VENTURY Comment choisir son diffuseur ? Comment utiliser son diffuseur ? Entretien et maintenance des diffuseurs ? Nos Fragrances Signature Analyseur d'air IDRTECH QualitĂ© & Innovation IDR, QualitĂ© & Innovation DĂ©couvrir IDR Mission & Valeurs Innovation QualitĂ© Certifications, Labels & Normes Nos Services Garantie IDR & Extension Ă  3 ans gratuite ActualitĂ©s Boutique DĂ©couvrezdes commentaires utiles de client et des classements de commentaires pour GELLÉ FRÈRES Femme Mini CrĂšme Pieds/Mains, Pour HĂŽtel/Voyage, Pour Peaux TrĂšs SĂšches/Sensible, 24h Nourrissante Hydratante, ParfumĂ© Ă  la Ylang Ylang, 30ml sur Amazon.fr. Lisez des commentaires honnĂȘtes et non biaisĂ©s sur les produits de la part nos utilisateurs. Auguste Renoir, Portrait de Gabrielle Renard ou Gabrielle Ă  la rose, 1911. 55 cm x 47 cm. Les parfums de l’ñme baudelairienne extrait d’un livre sur Baudelaire, ici consacrĂ© Ă  son art de vivre et penser les parfums [1] vous qui entrez sans le nez perdez toute espĂ©rance »Philippe Sollers, Paradis Baudelaire l’écrit dans ses petits poĂšmes en prose dans Un hĂ©misphĂšre dans une chevelure, sa passion pour le parfum et la maniĂšre dont celui-ci se mĂȘle au jeu des correspondances est singuliĂšre, voire unique en français par son amplitude rayonnante et mĂȘme, Ă  ma connaissance, dans la poĂ©sie moderne en gĂ©nĂ©ral Mon Ăąme voyage sur le parfum comme l’ñme des autres hommes sur la musique. » La mĂȘme idĂ©e reverdit Ă  son tour dans l’un des poĂšmes des Fleurs des plus particuliĂšrement attentifs Ă  cette question, La chevelure Comme d’autres esprits voguent sur la musique, / Le mien, ĂŽ mon amour ! nage sur ton parfum. » Qu’est-ce qui fait ainsi, au cƓur des passions, le privilĂšge poĂ©tique de l’odorat et du parfum qui lui correspondant le stimule ? Toute une enquĂȘte mĂ©taphysique s’avĂšre ici la philosophie spĂ©culative dans La philosophie de l’Esprit, l’odorat entre dans une relation Ă  la corporĂ©itĂ© rĂ©elle », mais seulement en tant qu’elle se trouve prise dans sa dissolution, qu’elle s’engage en son procĂšs » comme pour le goĂ»t, complĂ©mentaire de l’odorat. Hegel AssurĂ©ment, les corps sont en partie dĂ©truits par des causes extĂ©rieures, contingentes ; mais, en dehors de cette ruine contingente, les corps vont Ă  leur ruine par leur propre nature, se consument eux-mĂȘmes, — toutefois de telle sorte que leur corruption a l’air de leur arriver du dehors. Ainsi, c’est par l’influence de l’air que naissent le processus faisant se volatiliser tous les corps de façon calme, imperceptible, l’exhalaison des formations vĂ©gĂ©tales et animales. » Cette affaire de parfum se montre donc bien d’un plus haut intĂ©rĂȘt mĂ©taphysique qu’un simple coup d’Ɠil hĂątif ne pourrait le supposer. Pour ĂȘtre plus prĂ©cis, je dirai qu’il en va ainsi de la question qui est peut-ĂȘtre la plus profondĂ©ment mĂ©taphysique, celle du Temps — et avec elle, celles de la Vie et de la Mort, du Beau ou encore du Mal, avec la quintessence que le poĂšte, comme du puissant fleuve boueux, fertile et tourmentĂ© des concupiscences et des crimes, en extrait. Exhalaison l’odeur passagĂšre en s’ouvrant comme une fleur ouvre Ă  la plus grande profondeur du Temps, car inhalĂ©e par le poĂšte elle exhale en sa mĂ©moire, conservĂ©es par l’intĂ©riorisation et la pensĂ©e, les Ă©tincelles magiques des moments bienheureux de la VoluptĂ© — Ă  supposer agrĂ©ables odeurs et souvenirs. Ce primat du parfum chez Baudelaire est Ă  mettre en rapport avec son goĂ»t pour une certaine corruption ou la corruption entendue d’une certaine façon des parfums [...] riches, corrompus et triomphants », pour le caractĂšre intensĂ©ment passager du temps trouver dans une seconde l’infini de la jouissance », pour la BeautĂ© naturelle que couronne, en la transfigurant, participant du beau artistique, la BeautĂ© des femmes — Ă  une Ă©poque oĂč elles Ă©taient encore loin d’ĂȘtre trĂšs gĂ©nĂ©ralement remplacĂ©es par leur simulacre publicitaire —, BeautĂ© qui, comme l’odeur, se rĂ©vĂšle Ă©phĂ©mĂšre, toujours mouvante, en route vers sa propre dissolution, ou sa propre renaissance pour un paysage par exemple, toujours changeant, comme un visage fĂ©minin, je veux dire d’une femme rĂ©ellement belle, pas de ces caricatures du beau cinĂ©matographique, beautĂ©s de vignettes » oĂč l’on sent toujours suinter les exhalaisons vides de la marchandise. A la sobre formule philosophique des odeurs vĂ©gĂ©tales et animales, ajoutons Ă©galement, ou plutĂŽt incluons et soulignons plus particuliĂšrement, le profond parfum Ă©manĂ© des corps fĂ©minins, cher au PoĂšte, en particulier de la chevelure. Je cite ici Baudelaire dans une lettre Ă  Madame Sabatier juste aprĂšs que celle-ci se soit, pour la premiĂšre fois, donnĂ©e tout entiĂšre Ă  lui Adieu, chĂšre bien aimĂ©e ; je vous en veux un peu d’ĂȘtre trop charmante. Songez donc que quand j’emporte le parfum de vos bras et de vos cheveux, j’emporte aussi le dĂ©sir d’y revenir. Et alors, quelle insupportable obsession ! » Nous allons voir maintenant, via un Ă©chantillon analytique d’exemples poĂ©tiques, comment ce thĂšme irrigue toute la poĂ©sie des Fleurs, avec au centre toujours cette mĂȘme inaltĂ©rable et richissime obsession — dont nous Ă©tudierons la raison — pour le parfum des femmes — mi pare sentir odor di femina, comme s’écrie Don Giovanni dans l’opĂ©ra mozartien du mĂȘme nom ! Ecoutons le final de La chevelure qu’il serait bon de connaĂźtre par cƓur Longtemps ! toujours ! ma main dans ta criniĂšre lourde [notez en passant l’habituelle et juste comparaison avec le fĂ©lin] / SĂšmera le rubis, la perle et le saphir, / Afin qu’à mon dĂ©sir tu ne sois jamais sourde ! / N’es-tu pas l’oasis oĂč je rĂȘve, et la gourde / OĂč je hume Ă  longs traits le vin du souvenir ? » Je souligne l’expression clef qui, telle l’alpha et l’omĂ©ga de ce bref manifeste surrĂ©aliste de toute beautĂ©, nous ramĂšne inĂ©vitablement en son dĂ©but Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure ! / Ô boucles ! Ô parfum chargĂ© de nonchaloir ! / Extase ! Pour peupler ce soir l’alcĂŽve obscure / Des souvenirs dormant dans cette chevelure, / Je la veux agiter dans l’air comme un mouchoir ! » Extase, le mot n’est pas rare chez Baudelaire, et il a tout de mĂȘme une petite dizaine d’occurrences dans les Fleurs. Il s’y voit toujours liĂ© Ă  la VoluptĂ© et Ă  l’usage concentrĂ© des correspondances, par exemple dans Les bijoux Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur, / Ce monde rayonnant de mĂ©tal et de pierre / Me ravit en extase, et j’aime Ă  la fureur / Les choses oĂč le son se mĂȘle Ă  la lumiĂšre » je souligne. La chevelure par Henri Matisse illustration pour Les Fleurs du mal, 1947. Ici la chevelure se mue en prĂ©texte Ă  un dĂ©filĂ© de termes successifs de comparaisons dont aucun n’en Ă©puise la richesse et dont l’ensemble dĂ©roulĂ© ne rĂ©vĂšle que l’inĂ©puisable, l’auteur souhaitant lui-mĂȘme y revenir Longtemps ! toujours ! » toison qui moutonne, mouchoir qu’on agite, forĂȘt aromatique oĂč vit tout un monde lointain, absent, presque dĂ©funt », houle qui enlĂšve le poĂšte comparaison valant pour ses fortes tresses », mer d’ébĂšne avec un Ă©blouissant rĂȘve / De voiles, de rameurs, de flammes et de mĂąts », et Un port retentissant oĂč mon Ăąme peut boire / À grands flots le parfum, le son et la couleur », soit la riche matiĂšre de l’art des correspondances, noir ocĂ©an oĂč l’autre est enfermĂ© », Cheveux bleus, pavillon de tĂ©nĂšbres tendues », criniĂšre lourde, oasis oĂč je rĂȘve », et enfin, la gourde » oĂč le poĂšte hume Ă  longs traits », tant le dĂ©sir est profond, le vin du souvenir ». Continuons Sur ta chevelure profonde / Aux Ăącres parfums, / Mer odorante et vagabonde / Aux flots bleus et bruns, / Comme un navire qui s’éveille / Au vent du matin, / Mon Ăąme rĂȘveuse appareille / Pour un ciel lointain. » Le serpent qui danse. Ses cheveux qui lui font un casque parfumĂ©, / Et dont le souvenir pour l’amour me ravive. » poĂšme XXXII, sans titre. Le dĂ©sert et la forĂȘt / Embaument tes tresses rudes, » LVIII, Chanson d’aprĂšs-midi. Pour le dire plus prosaĂŻquement, la petite madeleine de Baudelaire, c’est la chevelure fĂ©minine ! N’a-t-il pas trouvĂ© son paradis extatique — son rapport paradisiaque Ă  la temporalitĂ© — dans les parfums suaves et nuancĂ©s de la chevelure de la femme, au cƓur des gestes langoureux de la VoluptĂ©, loin des odeurs rances ou cadavĂ©reuses et de l’horreur nausĂ©abonde des usines, des commerces et des fabriques, dĂ©jĂ  sataniques et insensĂ©s, de son temps, ainsi momentanĂ©ment Ă©loignĂ© de cette sociĂ©tĂ© oĂč ça sent la Destruction » ? Si un tel goĂ»t, Ă  ce point affirmĂ© en des vers mĂ©morables, fait le propre du gĂ©nie de Baudelaire, la Bible possĂšde dĂ©jĂ  deux ou trois chatoiements qui ne sont pas, Ă  ce sujet, sans beautĂ©, mĂȘme si la prĂ©cision poĂ©tique et physique n’y est pas pareillement impliquĂ©e. En effet, sa chevelure odorante ne fait pas le moindre des attraits de la divine fiancĂ©e du Cantique des cantiques comme en rend justice cet impeccable verset ta tĂȘte, sur toi, comme le Carmel, et les boucles de ta chevelure comme la pourpre. Un roi est enchaĂźnĂ© par les ornements de ta tĂȘte. » Cantique des Cantiques 7, 6 ; je souligne, qu’Elle puisse enchaĂźner un roi par les ornements de sa chevelure, toute cette munificence mĂȘlĂ©e Ă  la chevelure, c’est dĂ©jĂ , mais en soi seulement, ce qu’exprime Baudelaire.Lorsqu’il en vient Ă  parler de la belle Madeleine, le Nouveau Testament se montre imprĂ©gnĂ© de la vive mĂ©moire des versets dĂ©crivant la beautĂ© de la fiancĂ©e, non sans mĂȘler le parfum et la chevelure Marie donc, ayant pris une livre de parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de JĂ©sus et lui essuya les pieds avec ses cheveux ; et la maison fut remplie de l’odeur du parfum. » Jean 12, 3. A ce moment prĂ©cis du rĂ©cit Ă©vangĂ©lique, les parfums et la VoluptĂ© viennent signifier un comble du sacrĂ© — et de la dĂ©pense qui lui est liĂ©e, ce qu’un disciple cĂ©lĂšbre, entendant celle-ci trĂšs prosaĂŻquement, ne manqua pas de reprocher au divin maĂźtre non sans amertume. Chez Baudelaire Ă©galement les fastes de la jouissance rayonnent avec plus d’ardeur lĂ  oĂč le sacrĂ© afflue — en un sens nouveau. Nous le verrons de prĂšs avec le poĂšme Causerie, centrĂ© sur le sacrifice dionysien du cƓur, consumation paradisiaque offrant la synthĂšse — comme scellĂ©e par un coup de foudre — de la fabuleuse union poĂ©tique qu’est tout amour pourrais encore explorer les vastes pans de la littĂ©rature midrashique, trouvant des dĂ©tails de la mĂȘme veine, mais toujours cette affaire ne se retrouve qu’à un Ă©tat embryonnaire comparĂ© Ă  l’ampleur sans prĂ©cĂ©dent et toute nouvelle qu’elle prend chez Baudelaire, comme si un non encore dit de l’histoire et de la religion — bien que souvent Ă©prouvĂ©, en lien notamment aux religions orientales, bĂ©nĂ©dictions odorifĂ©rantes de l’Inde ou de l’Arabie, etc. —, liĂ© Ă  la plus intime perception du sacrĂ©, trouvait chez lui, enfin, sa vĂ©ritable formulation... Parfum exotique par Henri Matisse illustration pour Les Fleurs du mal, 1947. Mais j’aborde maintenant le parfum de la femme en gĂ©nĂ©ral, Ă  travers une petite flottille d’occurrences, puis, enfin, les parfums Parfum exotique Quand, les deux yeux fermĂ©s, en un soir chaud d’automne, / Je respire l’odeur de ton sein chaleureux, / Je vois se dĂ©rouler des rivages heureux / Qu’éblouissent les feux d’un soleil monotone ». Ici, les senteurs, passagĂšres comme les minutes des caresses langoureuses, se convertissent en la rĂ©miniscence de la BeautĂ© immĂ©moriale, celle dĂ©peinte dans La vie antĂ©rieure. Nous retrouvons la poĂ©tique du Temps au cƓur de l’odeur de la femme, cette CircĂ© tyrannique aux dangereux parfums ».J’ouvre le trente-sixiĂšme poĂšme des Fleurs, Le balcon, y dĂ©couvrant tout de go comment les parfums fĂ©minins s’y distinguent, au centre mĂȘme de la situation — Ô serments ! ĂŽ parfums ! ĂŽ baisers infinis ! » — le mouvement chemine ici vers le plus intĂ©rieur extĂ©riorisation par la parole, inhalation nourrissant l’intĂ©rioritĂ©, unification de l’intĂ©riorisation et de l’extĂ©riorisation dans le baiser. C’est dans cette atmosphĂšre oĂč se respire le parfum d’une femme que l’on retrouve une nouvelle fois le temps liĂ© Ă  la rĂ©vĂ©lation magnĂ©tique de l’immĂ©morial Je sais l’art d’évoquer les minutes heureuses ». La respiration de l’odeur va ici jusqu’au sang En me penchant vers toi, reine des adorĂ©es, / Je croyais respirer le parfum de ton sang. » Autrement dit, l’odeur respirĂ©e du corps fĂ©minin n’est pas de l’ordre de sa surface ou son apparence, mais touche Ă  sa substance mĂȘme, son essence. Plus loin encore, il boit son souffle, ce que ponctue le duo de contradictoires complĂ©mentaires et bachiques ĂŽ douceur ! ĂŽ poison ! » Je souligne le contraste. Parfums et baisers infinis se trouvent tous deux liĂ©s Ă  une respiration qui se boit voir encore le poĂšme Le LĂ©thĂ©, oĂč les baisers sont comparĂ©s Ă  ce puissant fleuve d’oubli, comme un poison, un vin ou du sang, bref comme l’ivresse la plus profonde et contradictoire oĂč l’on retrouve autant de thĂšmes baudelairiens le vampire, le vin, l’ivresse de l’assassinat par le poison, ou celui-ci comme mĂ©taphore de la jouissance, Un fantĂŽme, la seconde partie de ce long poĂšme, intitulĂ©e Le parfum, m’interpelle. Deux analogies puissantes concourent Ă  sa charpente trĂšs pensĂ©e entre le pouvoir de rĂ©miniscence d’odeurs simples de l’encens dans une Ă©glise, d’un sachet de musc et celui du corps adorĂ© » d’une femme oĂč cueillir la fleur exquise du souvenir ; entre le corps fĂ©minin et celui d’un fĂ©lin. Je retrouve la mĂ©taphorique chevelure, magnifiĂ©e, au centre de cette ode miniature Ă  l’odorat sensible et sensuel De ses cheveux Ă©lastiques et lourds, / Vivant sachet, encensoir de l’alcĂŽve, / Une senteur montait, sauvage et fauve ». Dans le poĂšme XLII, destinĂ© Ă  Madame Sabatier, sans titre, je lis Sa chair spirituelle a le parfum des Anges ». Du fĂ©lin lorsqu’il se souvient de Jeanne Duval, Ă  l’Ange lorsqu’il songe Ă  Madame Sabatier, ange et bĂȘte, en opposĂ©s tranchants, se mĂȘlent pour qualifier la richesse du parfum du corps fĂ©minin. Voyons maintenant ce qu’il en est pour les parfums en gĂ©nĂ©ral. Dans le poĂšme XXXIV, Le chat, je relĂšve Un air subtil, un dangereux parfum / Nagent autour de son corps brun. » Les propos sont de mĂȘme teneur que pour l’odeur de l’aimĂ©e, toujours l’analogie entre le fĂ©lin et la femme. Mais voici surtout Le flacon, oĂč le parfum est nommĂ© une Ăąme » qui jaillit toute vive de celui-lĂ  ou le souvenir enivrant », Ă©tant ainsi spiritualisĂ© et mĂȘme anthropologisĂ© ».Chacun pourra par lui-mĂȘme relire ces poĂšmes et mĂ©diter, avec ses propres souvenirs et sensations, c’est-Ă -dire d’une façon toute concrĂšte et vivante, la puissante mĂ©taphysique des parfums dĂ©couverte, et par lĂ  dĂ©voilĂ©e dans toute sa rayonnante universalitĂ©, par Baudelaire, si grand poĂšte des parfums sans doute d’abord parce qu’il est le grand mĂ©taphysicien du Temps et qu’en la sensation de ceux-lĂ , si Ă©phĂ©mĂšres, volatiles, l’air de rien, c’est d’abord la jouissance-connaissance du Temps qui se joue et rejoue passionnĂ©ment pour le vivant qui parle. Le Parfum par Henri Matisse illustration pour Les Fleurs du mal, 1947. Si, parmi les poĂštes modernes, les parfums ou plus particuliĂšrement ceux de la chevelure ne semblent pas revĂȘtir l’importance qu’ils trouvent Ă  merveille chez le singulier Baudelaire, parmi les peuples antiques oĂč brille l’expĂ©rience du sacrĂ©, en revanche, cette primautĂ© accordĂ©e aux parfums coule de source. Par exemple, chez les Grecs la coutume voulait que lors des hĂ©catombes voir par exemple L’Iliade et L’OdyssĂ©e qui en regorgent littĂ©ralement, les os et la peau des animaux sacrifiĂ©s soient brĂ»lĂ©s pour les dieux, la croyance voulant alors que ceux-ci respirent les bonnes odeurs montant vers l’Olympe et s’en nourrissent. Cela expliquerait au passage, et pour partie, la cĂ©lĂšbre sentence d’HĂ©raclite telle qu’Aristote nous l’a transmise [2] Si toutes choses devenaient fumĂ©e kapnos, vapeur, fumĂ©e, celle des sacrifices notamment, on les connaĂźtrait racine gignĂŽskein par le nez » autrement dit par leur odeur une fois consumĂ©es. Le mĂȘme HĂ©raclite aurait dit Ă©galement, posant ainsi l’analogie entre la variĂ©tĂ© des parfums et celle du divin Le dieu est jour et nuit, hiver et Ă©tĂ©, guerre et paix, surabondance et famine ; mais il prend des formes variĂ©es, tout de mĂȘme que le feu, quand il est mĂ©langĂ© d’aromates, est nommĂ© suivant le parfum de chacun d’eux. » Ce qui prouve assez l’importance de la connaissance par le nez chez les Grecs, connaissance ici simple et empirique en mĂȘme temps que profonde et universelle, et la valeur accordĂ©e aux saintes odeurs des sacrifices dont les volutes Ă©vanescentes, diverses et changeantes rappellent Ă  l’homme sa finitude tout autant que, montant vers les dieux, elles relient au feu de la divinitĂ© le feu qui ne se couche pas », dont parle le mĂȘme HĂ©raclite, Ă©lĂ©ment impĂ©rissable par contraste avec la fumĂ©e volatile. De mĂȘme, si j’ouvre une Bible, l’encens, la cinnamome, le nard, l’aloĂšs, le safran, la cannelle, les mandragores, les figuiers et les vignes en fleurs, etc., ou l’odeur des agneaux sacrifiĂ©s Ă  Pessah la PĂąques juive, ne manqueront pas de venir chatouiller mes narines flattĂ©es, troublĂ©es et reconnaissantes. De mĂȘme encore, si j’étudie les civilisations de l’Inde, de la Perse, de la Chine, etc., partout les parfums favorables flottent dans l’air et signalent la saintetĂ©. Le paradis d’Eden n’est-il pas censĂ© ĂȘtre un paradis de parfums suaves », comme le chante le rĂ©cit de la Dormition de Marie ? La GĂ©henne, au contraire — comme la conscience maudite de l’Eternel » dans Les Chants de Maldoror —, un lieu atrocement pestilentiel ? Mais, si la littĂ©rature des peuples anciens fourmille d’indications, parmi les modernes, sur ce plan de l’attention aux parfums, c’est chez Baudelaire que refleurit vraiment le champ du sacrĂ©, et Ă  sa suite chez quelques autres Ă©crivains, comme Proust par exemple. Tous les fleuves d’effluves odorifĂ©rantes qui ont caressĂ© la narine des dieux, dans l’Olympe ou les cieux bibliques, Ă  travers tant de milliers de rites effectuĂ©s, s’avivent, s’écoulent et confluent Ă  nouveau, conservĂ©s dans le souvenir... La chose, tant elle s’avĂšre rare, doit ĂȘtre plus que soulignĂ©e, l’expĂ©rimentation poĂ©tique, dans une langue de l’ñme pour l’ñme », de la vĂ©ritĂ© des parfums et de l’odorat n’avait comme telle jamais Ă©tĂ© entreprise par personne Baudelaire ici trouve du nouveau. Il prouve, pour paraphraser et actualiser Aristote, qu’il n’y a rien dans la raison la plus Ă©laborĂ©e — ici la raison poĂ©tique ayant pour pilier les correspondances et le sens de l’analogie universelle — qui — pour le poĂšte possĂ©dant Ă  loisir la dite raison, pas pour le premier venu bien sĂ»r — ne se trouve dans les sens, et mĂȘme dans un seul sens oĂč tout le corps pneumatique et physique vient se lover et se concentrer l’odorat. RĂ©ciproquement et tout uniment, il n’y a rien qui soit dans cet odorat singuliĂšrement puissant et pensant du PoĂšte qui ne soit dans sa raison poĂ©tique, laquelle comprend le monde entier puisqu’elle l’a conçu. Comme Sade a pu le dire du goĂ»t [3] en affirmant qu’une dragĂ©e [4] valait tout l’univers, le poĂšte expĂ©rimente que la respiration pensĂ©e et verbalisĂ©e de la chevelure de son aimĂ©e vaut tout le monde dĂ©multipliĂ© de sa pensĂ©e et de sa vie, que tout s’y retrouve, ramassĂ© et subjuguĂ©. La raison et les sens se conseillent, se supplĂ©ent. Le Serpent qui danse par Henri Matisse illustration pour Les Fleurs du mal, 1947. Amenons ce point vers sa conclusion en citant IsaĂŻe 3, 24, Ă  propos de l’heure de jugement sĂ©vĂšre de la fille de Sion dont la riche beautĂ© apprĂȘtĂ©e se voit ainsi flĂ©trir d’un seul coup pour cause d’inversion eschatologique Ă  la fin des temps Et il arrivera qu’au lieu de parfum il y aura pourriture ; et au lieu de ceinture, une corde ; et au lieu de cheveux artistement tressĂ©s, une tĂȘte chauve ; et au lieu d’une robe d’apparat, un sarrau de toile Ă  sac ; flĂ©trissure, au lieu de beautĂ©. — » Ce jeu des contraires me rappelle Une charogne — quel cadavre exquis ! —, exceptĂ© qu’ici la beautĂ© et l’horreur restent d’absolus opposĂ©s, la beautĂ© n’étant pas lue et affirmĂ©e jusque dans la description poĂ©tique et scientifique de l’horreur, chose que seule le caractĂšre satanique » de la poĂ©sie moderne, selon les besoins de notre esprit, creuse et formule esthĂ©tiquement, se distinguant en cela radicalement de la poĂ©sie antique. IsaĂŻe nous en instruit, le parfum concentre mĂ©taphoriquement la BeautĂ© et la Vie, par opposition Ă  la pourriture l’odeur de la » mort qui symbolise tout le contraire. Cette double analogie est Ă©vidence pour la poĂ©sie depuis d’innombrables lustres, mais il importe d’en dĂ©celer le sens. L’odeur dit, mĂ©taphysiquement parlant, le rapport des ĂȘtres Ă  la Vie ou Ă  la Mort, comme Ă  la BeautĂ© — et avec elle au Bien, mais un Bien qui a autant Ă  voir avec la morale sociale qu’il y a de rapport entre la saintetĂ© lumineuse du Bouddha et les modernes entreprises entĂ©nĂ©brĂ©es d’incarcĂ©ration industrielle dans un soi-disant bonheur public — ou au Mal, et ce du fait que la dite odeur soit si intimement liĂ©e Ă  la dĂ©composition des corps, comme nous l’avons relevĂ© d’entrĂ©e de jeu. Ainsi, la dĂ©composition ou corruption peut aller dans deux sens contraires, ou plutĂŽt le partage entre les odeurs associĂ©es Ă  la Vie et Ă  la BeautĂ©, et celles liĂ©es Ă  leurs opposĂ©s, se rĂ©percute sur la double entente de la dĂ©composition infini procĂšs de la Vie et variations incessantes des nuances de la BeautĂ© naturelle Vie et BeautĂ© naturelle se dĂ©composent et recomposent sans cesse, ce que cĂ©lĂšbre par excellence le dionysiaque quand sonne l’heure trĂšs verte, fleurie et lumineuse du Printemps prolifĂ©rant, ou celle, bariolĂ©e, chaleureuse et en clair-obscur, de l’admirable Automne oĂč tant de tonalitĂ©s rĂ©sonnent et qui est tout sauf monotone, ou cadavĂ©rique dĂ©composition dont jouit le ver de la tombe, avec pestilence associĂ©e, plus gĂ©nĂ©ralement vie de ce qui est mort se mouvant en soi-mĂȘme ». Deux rapports au temps diamĂ©tralement opposĂ©s qui, l’air de rien, nous plongent aux racines de la mĂ©taphysique question de mort, question de peut le constater tous les jours. Nos contemporains consomment toujours plus massivement des ersatz de parfums, et autres marchandises cosmĂ©tiques, que la publicitĂ© sait leur vendre et qui font rentrer encore davantage l’emprise cybernĂ©tique dans les mƓurs. Mais cette volontĂ© quasi maniaque de s’enrober d’artificialitĂ©s cosmĂ©tiques qu’aura usinĂ©es la chimie industrielle ne place pas nĂ©cessairement du cĂŽtĂ© de la Vie... car nous sommes lĂ  trĂšs loin de cet art des cosmĂ©tiques qu’apprĂ©ciait Baudelaire — et qui se dĂ©veloppa beaucoup avec le siĂšcles des LumiĂšres, qui fut aussi celui des parfums et de leur art —, tant, comme l’art culinaire, il pouvait ĂȘtre proche de la vie quotidienne pour l’embellir et la bonifier comme on le dit de l’Ɠuvre du temps sur un bon vin, mais seulement sur un bon vin. Aujourd’hui, ces deux arts, cosmĂ©tique et culinaire, comme la Vie qu’ils Ă©taient censĂ©s embellir, semblent ĂȘtre tombĂ©s subrepticement dans une fosse Ă  purin, mĂȘme si cette dĂ©gradation catastrophique s’est poursuivie assez lentement, avant de s’accĂ©lĂ©rer brutalement avec l’avĂšnement du Spectacle planĂ©taire. Dans la prĂ©sente sociĂ©tĂ© — oĂč ce ne sont plus les saintes odeurs des sacrifices que reçoivent les narines heureuses d’Elohim et de Zeus dans les cĂ©lestes hauteurs, mais une prolifĂ©ration de pestilences et de gaz Ă  effet de serre, signes d’une autre Ă©poque ! —, les voici devenues lĂ©gions les odeurs artificiellement fabriquĂ©es dans le cas des parfums industriels ! Le prĂ©texte Ă  la multiplication de ces ersatz se dĂ©double d’une part, enfouir les odeurs naturelles du corps — qui ne sont certes pas toutes agrĂ©ables — les artificialisant ainsi davantage ; d’autre part, recouvrir les diverses pollutions olfactives d’un univers de plus en plus aliĂ©nĂ©, donc irrespirable — et littĂ©ralement qu’on ne peut plus sentir. Une guerre permanente des odeurs a lieu, mais chimie contre chimie, car les odeurs naturelles n’ont pas part Ă  l’horrible combat — dont les zones urbaines ou d’agriculture intensive sont les champs de bataille —, Ă©tant rapidement dĂ©truites par les diverses pollutions. StĂ©phane Zagdanski, dans Les joies de mon corps, Ă  l’intĂ©rieur d’un trĂšs beau texte intitulĂ© Odeur de saintetĂ©, insiste sur cette falsification des sens par un certain fonctionnement social Les Chinois, moins optimistes, parlent carrĂ©ment de perversion des sens par leur usage civilisĂ©. “ Peinture, musique, parfums, cuisine, prĂ©dilections du cƓur corrompent [mais j’ajoute — pas — qu’ils peuvent aussi les parfaire] la vue, l’ouĂŻe, l’odorat, le goĂ»t, le jugement ” Ă©nonce Marcel Granet. Ces cinq perversions vous font perdre votre sing, soit “ l’essence qui vous est propre ”, autant dire, votre parfait parfum, ce qui donne le la Ă  vos autres sensations. » Toutefois, Zagdanski le rĂ©pĂšte plus d’une fois, l’odorat entre tous les sens est le moins aisĂ©ment falsifiable, celui qui permet de discriminer, de trancher, de juger. “ Oui, ici-bas a une odeur de cuisine ”, dit MallarmĂ©. C’est comme si seul l’odorat Ă©chappait Ă  la propagande, comme si le nez seul disposait d’une polaritĂ© indĂ©niable. » Comment ne pas ĂȘtre d’accord ? Toutefois, en ajoutant et c’est capital mais seulement pour celui dont l’odorat s’est dĂ©jĂ  Ă©duquĂ©. On peut fort malheureusement imaginer un monde oĂč l’éducation de ce sens radar, l’odorat, n’aurait plus cours comme traditionnellement au contact des Ă©manations odorifĂ©rantes du Printemps, vĂ©ritable boussole en cette matiĂšre, un monde d’ersatz chimiques d’oĂč la Nature, sauf rares lieux oĂč on la maintiendrait de force emprisonnĂ©e et Ă  distance, pour ainsi dire cloĂźtrĂ©e sous verre », serait, dans sa grande plĂ©nitude florale et orchestrale, marginalisĂ©e, voire bannie. C’est dĂ©jĂ  le cas dans un certain nombre d’endroits oĂč s’expĂ©rimentent les progrĂšs de l’aliĂ©nation, comme les quartiers d’affaires La DĂ©fense par exemple, ou les nouvelles mĂ©gapoles cybernĂ©tiques comme DubaĂŻ. En effet, monseigneur ProgrĂšs » et trĂšs puissante dame Industrie », ces despotiques ennemis de toutes poĂ©sie », comme dit Baudelaire, veillent nuit et jour Ă  moudre le grain mortifĂšre d’une pareille infamie, afin que dĂšs l’enfance l’humanoĂŻde n’ait plus Ă  faire qu’avec les propagandes du Spectacle, des fleurs de synthĂšse souvent sans odeur, des parfums bon marchĂ© falsifiĂ©s correspondant Ă  tel ou tel modĂšle de spectateur masculin ou fĂ©minin, des dĂ©odorants et des dĂ©sodorisants industriels, bref un univers atrocement atrophiĂ© oĂč mĂȘme l’odorat ne puisse plus rĂ©ellement s’éduquer. Comme l’énonce l’article Ablution du dixiĂšme fascicule de L’EncyclopĂ©die des nuisances Et l’on ne se contente plus de prĂŽner l’usage de dĂ©odorants, vĂ©ritable gomme Ă  effacer la puanteur salariĂ©e l’employĂ© ne transpire plus dans l’effort, mais il sue l’angoisse ; ce n’est plus la poussiĂšre de l’atelier qui vient se coller Ă  sa peau, mais celle qui circule partout avec la pollution ; on invite en outre maintenant les consommateurs Ă  un audacieux dĂ©passement, nĂ©gation parfumĂ©e de la nĂ©gation de la puanteur, qui Ă  coup d’exhalaisons de synthĂšse tire le bouquet final de cette dĂ©chĂ©ance de l’odorat, et nous rappelle qu’au dĂ©but de ce siĂšcle la mĂ©decine pouvait remarquer, prenant pour exemple les vidangeurs, que "la finesse de l’olfaction se perd par l’habitude de vivre au milieu d’odeurs trĂšs fortes." » Les Fleurs du mal par Henri Matisse, 1947 [5]. J’ajoute, pour avoir eu une fois Ă  subir, comme bien des gens, dans les toilettes d’un restaurant moderne », l’agression de tel pulvĂ©risateur automatique de parfum chimique Ă  en perdre toute finesse olfactive pour le quart d’heure suivant, que mĂȘme en subissant peu de temps l’odeur trĂšs forte de l’horreur chimico-olfactive, l’odorat s’en trouve dĂ©jĂ  perturbĂ© et amoindri. Concernant la fabrication industrielle des parfums qui n’exigent gĂ©nĂ©ralement plus d’en passer par de vrais nez, mais se contentent de chimistes du faux, je puise encore dans le mĂȘme texte On est bien loin de l’art des anciens parfumeurs, qui savaient mĂȘler l’organique du parfum et celui du corporel pour exalter rĂ©ciproquement l’essence et l’existence. » En effet, aujourd’hui cette subtile diffĂ©rence est rĂ©duite au tout chimique ! Mais rĂ©sumons l’enjeu. Ces ersatz chimiques, dont la prolifĂ©ration accompagnant l’accĂ©lĂ©ration de l’emprise thanatocratique s’exerçant sur la Vie s’avĂšre somme toute rĂ©cente, nous Ă©loignent donc doublement de toute vĂ©ridique et esthĂ©tique sensibilitĂ© en nous les faisant confondre avec les vĂ©ritables senteurs de la BeautĂ© naturelle et de la Vie ; en minimisant la prĂ©sence de la pollution, si bien que nous ne sentons mĂȘme plus le besoin de nous rĂ©volter contre l’état de fait de sa prĂ©sence pourtant constamment abjecte. Bref, avec de pareils moyens, nous ne sentons plus vraiment, ni ce qui devrait nous ravir en extase pour lui-mĂȘme lorsque Baudelaire parle de forĂȘt aromatique » Ă  propos de la chevelure de son aimĂ©e, celle-ci ne s’est point enduite de shampoings chimiques et la comparaison entre la profondeur de cette chevelure et celle d’une forĂȘt n’en est que plus juste, de mĂȘme quand il Ă©nonce de son haleine qu’elle fait la musique, il n’y a point eu la moindre adjonction, le poĂšte n’embrasse pas une marque de cosmĂ©tiques mais sa femme, ni ce qui devrait vraiment nous faire horreur. Par consĂ©quent, nous ne faisons gĂ©nĂ©ralement plus que vĂ©gĂ©ter dans un monde d’insensibilitĂ© croissante, Ă  mesure que nous sommes exposĂ©s Ă  des marchandises qui ruinent toujours plus l’acuitĂ© de nos sens par leur pauvre magie frelatĂ©e. Notre faux rapport aux parfums — gĂ©nĂ©ralement aux cinq sens et Ă  leur objet — est donc hautement mĂ©taphysique, mais ici d’une mĂ©taphysique complĂštement inversĂ©e, dĂ©niĂ©e, refoulĂ©e, dĂ©composĂ©e, celle de la domination prĂ©sente, sur fond d’anesthĂ©sie c’est le cas de le dire des sens, de fausses ivresses artificiellement stimulĂ©es, c’est-Ă -dire simulĂ©es, de soumission Ă  l’espace de la gestion cybernĂ©tique, d’acceptation de la laideur pendant de l’ignorance en guise de principe esthĂ©tique jusqu’à la numĂ©risation et recombinaison des voix dĂ©shumanisĂ©es par ordinateur, dernier cri du reniement achevĂ© de l’homme », en attendant le suivant, et, enfin, de l’oblitĂ©ration globale de la mĂ©moire, comme de toute pensĂ©e rĂ©ellement articulĂ©e. Au contraire, si votre Ăąme est vivifiĂ©e par la profonde intuition existentielle et que vous ĂȘtes dĂ©sireux de retrouver toujours les trĂ©sors de la haute mĂ©taphysique des siĂšcles, vous pouvez introduire dans le langage, qui vous constitue et vous meut, la sensibilitĂ©, l’intelligence, la volontĂ©, la raison, l’imagination, la mĂ©moire » Ducasse. Alors se dĂ©ploie l’unitĂ© de la raison et des sens, qui a pour assise le sens des correspondances et de l’analogie poĂ©tique. Vos cinq sens aimantĂ©s par le seul dĂ©sir de connaĂźtre — par la dĂ©esse du doux dĂ©sir — communiquent intensĂ©ment, se multiplient, se chevauchent, s’enlacent et se ramifient, respirent autrement. Il peut mĂȘme se trouver que leur ivresse devienne, durant un merveilleux laps de temps Ă©piphanique, la jouissance dĂ©bordante de la reconnaissance. Olivier-Pierre ThĂ©bault Saint-Denis de Jouhet, fĂ©vrier 2012. Le feu aux poudres par Fragonard, avant sur toile, 37 x cm. MusĂ©e du Louvre, Paris . 487 452 97 306 314 131 478 154

se dit d une odeur de parfum