Certainssaints sont reconnus comme se manifestant avec des odeurs de parfums. J'aime Je n'aime pas : Professeur X Membre . Date d'inscription: 16/06/2010 Nombre de messages: 11176 Age: 53 Ville: systÚme solaire: Sujet: Re: Odeur de "parfum" Dim 25 Mar 2018 - 20:12: Hum , je me demande si pour une certaine part il n'existe pas une mémoire olfactive et si
Mardi 20 octobre 2015 à 2100 Il suffit parfois d'une odeur ou d'un parfum pour se replonger dans le passé ou pour penser à une personne qui nous est chÚre. © Fotolia Quelles sont les odeurs qui vous rappellent votre enfance? Celles qui vous rendent nostalgique? Pourquoi sommes-nous si attachés à certaines odeurs ou parfums? On en parle avec l'anthropologue Annick Le Guérer. Annick Le Guérer a écrit deux livres sur ce thÚme aux éditions Odile Jacob "Le parfum, des origines à nos jours" et "Les pouvoirs de l'odeur". Plus d'informations sur son site internet.
Lentreprise est allée jusqu'à dire que l'essence «était une odeur plus populaire que celles du vin et du fromage, et se classait quasiment
Pouvions-nous faire titre plus engagĂ© ? Difficile Ă dire mais il est vrai que nous aurions pu ĂȘtre impartiaux et titrer La chimie en parfumerie » ou encore chimie et parfum ». Malheureusement ces deux phrases manquaient dâun sĂ©rieux parti pris. Or un tel sujet incombe une position franche et sans concession tant il divise, dĂ©chire, passionne lâindustrie moderne des cosmĂ©tiques. Pourquoi de plus en plus dâentreprises prĂŽnent-elles le 100 % naturel dans leurs parfums ? La chimie est-elle vraiment lâennemie comme on peut lâentendre aujourdâhui dans certains discours ? Pouvons-nous vraiment envisager une parfumerie sans chimie ? Face Ă ces questions, chez violet nous avons notre petite idĂ©e, laissez-nous vous en convaincre. La chimie a rĂ©volutionnĂ© la parfumerie moderne. Câest un fait, une Ă©vidence, un axiome mĂȘme. Sans la chimie appliquĂ©e aux parfums nous serions encore aujourdâhui rĂ©duits Ă porter des parfums de la famille du vinaigre des quatre voleurs et comme son nom lâindique, son odeur ressemble Ă sây mĂ©prendre Ă celle dâune vinaigrette. Que ce soit lâutilisation de la coumarine dĂšs 1889 dans le Jicky de Guerlain, ou le cĂ©lĂ©brissime Chanel N° 5 et son bouquet aldĂ©hydĂ©, la chimie a rĂ©inventĂ© la parfumerie et ce dĂšs 1850. Vous nous direz alors quâil faut aller de lâavant et ne pas se servir du passĂ© comme seule rĂ©fĂ©rence mais il faut alors prĂ©ciser que ces mĂȘmes parfums, vieux de plus de cent ans continuent aujourdâhui dâinspirer la plupart des crĂ©ations modernes. Le parfumeur a dĂ©couvert un nouveau monde. Plusieurs milliers de nouvelles matiĂšres premiĂšres ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es au fil du temps Ă la palette du parfumeur. De quoi lui donner le tournis surtout lorsque lâon sait quâil Ă©tait rĂ©duit auparavant Ă composer avec quelques centaines de notes. La chimie a permis de facto de booster sa crĂ©ativitĂ©. Il a pu ainsi ĂȘtre libre, imaginatif, subjectif mĂȘme, et crĂ©er des odeurs qui ne ressemblaient en rien Ă la nature. Nous irons plus loin en disant que la chimie a Ă©levĂ© le parfumeur au rang dâartiste et lui a permis de proposer des parfums sâĂ©cartant complĂštement des schĂ©mas imaginables. La chimie a des bienfaits dont certains Ă©cologiques. Attention, une phrase Ă ne pas mettre entre toutes les mains mais la production de matiĂšre premiĂšre naturelle peut sâavĂ©rer ĂȘtre source de conflits. Surproduction, dĂ©frichement, appauvrissement des sols et des ressources, destruction des Ă©cosystĂšmes, pollutions agricoles, extrĂȘme prĂ©caritĂ© des exploitants, marchĂ© parallĂšle, les formes de violences sont nombreuses et malheureusement trop souvent prĂ©sentes. MĂȘme si l'agriculture est vitale et protĂšge plĂ©thore d'acteurs, la chimie, permet dans de nombreux cas, dâallĂ©ger les attentes toujours grandissantes du marchĂ© mondial et diminuer la pression sur les petites exploitations, les premiĂšres victimes des injustices. De plus la synthĂšse de matiĂšre premiĂšre dâorigine animale permet dâĂ©viter lâexploitation de ces derniers. Civette, castorĂ©um, chevrotin porte musc, autant de molĂ©cules qui proviennent aujourdâhui de laboratoire et non de la nature. LâidĂ©e largement vĂ©hiculĂ©e prĂŽnant les bienfaits du naturel et quâil serait bien moins dangereux que la chimie a dĂ©jĂ Ă©tĂ© traitĂ© dans lâarticle sur le BIO en parfumerie, lien ci-joint. Attention spoiler il va sans dire que rien nâest moins vrai. Cependant, il serait erronĂ© de penser que la chimie nâa que du bon. Aujourdâhui lorsque lâon sait que le synthĂ©tique reprĂ©sente, selon diverses sources, entre 50 % et 90 % de la formulation en gĂ©nĂ©ral, on peut lĂ©gitimement se poser des questions. Avons-nous trop conquis le continent artificiel ? La chimie est lĂ pour soutenir le naturel Le naturel reste indĂ©niablement lâĂąme du parfum. Il apporte cette dimension riche et gĂ©nĂ©reuse quâaucune formule 100 % synthĂ©tique ne pourrait se targuer dâavoir. Une profondeur que seule une rose et ses centaines de composĂ©s chimiques peuvent offrir. Une force que seul le jasmin et ses mille facettes peuvent donner et la chimie au milieu, est avant tout prĂ©sente pour sublimer la nature. Nous avons besoin de la chimie en parfumerie. Que ce soit pour des questions de crĂ©ativitĂ©, de stabilitĂ©, de coĂ»t ou encore de disponibilitĂ© des volumes, il est aujourdâhui impossible de sâen passer. Chez Violet nous voulons faire le mĂ©lange de ce quâil y a de mieux dans les deux familles. Proposer ainsi des parfums aussi riches que crĂ©atifs. Mais pour imaginer un monde meilleur, il est nĂ©cessaire dâapporter de lâĂ©thique dans les formules. DiffĂ©rencier la pĂ©trochimie de la chimie verte, du substitut au similaire et se libĂ©rer pour de bon de la chimie polluante, avide de gaz, de pĂ©trole et autres Ă©nergies fossiles. Nous ne pouvons ĂȘtre, pour le bien de la parfumerie, partisan de la mort de la chimie, juste de son Ă©volution en chimie verte. Car sâen dĂ©barrasser complĂštement ne serait pas une Ă©volution mais au contraire une rĂ©gression. AprĂšs tout, entre le naturel et la synthĂšse, lâalchimie est grande.
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Cetarticle sera dĂ©diĂ© Ă trois conventions du monde de la parfumerie: La pyramide olfactive, la tenue et la concentration. Nous essayerons de lever le voile sur certaines interrogations rĂ©currentes lors de vos balades en boutique ou sur divers sites internet. PremiĂšre convention: Les pyramides olfactivesIl est souvent question de note de tĂȘte, de note de coeur
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Auguste Renoir, Portrait de Gabrielle Renard ou Gabrielle Ă la rose, 1911. 55 cm x 47 cm. Les parfums de lâĂąme baudelairienne extrait dâun livre sur Baudelaire, ici consacrĂ© Ă son art de vivre et penser les parfums [1] vous qui entrez sans le nez perdez toute espĂ©rance »Philippe Sollers, Paradis Baudelaire lâĂ©crit dans ses petits poĂšmes en prose dans Un hĂ©misphĂšre dans une chevelure, sa passion pour le parfum et la maniĂšre dont celui-ci se mĂȘle au jeu des correspondances est singuliĂšre, voire unique en français par son amplitude rayonnante et mĂȘme, Ă ma connaissance, dans la poĂ©sie moderne en gĂ©nĂ©ral Mon Ăąme voyage sur le parfum comme lâĂąme des autres hommes sur la musique. » La mĂȘme idĂ©e reverdit Ă son tour dans lâun des poĂšmes des Fleurs des plus particuliĂšrement attentifs Ă cette question, La chevelure Comme dâautres esprits voguent sur la musique, / Le mien, ĂŽ mon amour ! nage sur ton parfum. » Quâest-ce qui fait ainsi, au cĆur des passions, le privilĂšge poĂ©tique de lâodorat et du parfum qui lui correspondant le stimule ? Toute une enquĂȘte mĂ©taphysique sâavĂšre ici la philosophie spĂ©culative dans La philosophie de lâEsprit, lâodorat entre dans une relation Ă la corporĂ©itĂ© rĂ©elle », mais seulement en tant quâelle se trouve prise dans sa dissolution, quâelle sâengage en son procĂšs » comme pour le goĂ»t, complĂ©mentaire de lâodorat. Hegel AssurĂ©ment, les corps sont en partie dĂ©truits par des causes extĂ©rieures, contingentes ; mais, en dehors de cette ruine contingente, les corps vont Ă leur ruine par leur propre nature, se consument eux-mĂȘmes, â toutefois de telle sorte que leur corruption a lâair de leur arriver du dehors. Ainsi, câest par lâinfluence de lâair que naissent le processus faisant se volatiliser tous les corps de façon calme, imperceptible, lâexhalaison des formations vĂ©gĂ©tales et animales. » Cette affaire de parfum se montre donc bien dâun plus haut intĂ©rĂȘt mĂ©taphysique quâun simple coup dâĆil hĂątif ne pourrait le supposer. Pour ĂȘtre plus prĂ©cis, je dirai quâil en va ainsi de la question qui est peut-ĂȘtre la plus profondĂ©ment mĂ©taphysique, celle du Temps â et avec elle, celles de la Vie et de la Mort, du Beau ou encore du Mal, avec la quintessence que le poĂšte, comme du puissant fleuve boueux, fertile et tourmentĂ© des concupiscences et des crimes, en extrait. Exhalaison lâodeur passagĂšre en sâouvrant comme une fleur ouvre Ă la plus grande profondeur du Temps, car inhalĂ©e par le poĂšte elle exhale en sa mĂ©moire, conservĂ©es par lâintĂ©riorisation et la pensĂ©e, les Ă©tincelles magiques des moments bienheureux de la VoluptĂ© â Ă supposer agrĂ©ables odeurs et souvenirs. Ce primat du parfum chez Baudelaire est Ă mettre en rapport avec son goĂ»t pour une certaine corruption ou la corruption entendue dâune certaine façon des parfums [...] riches, corrompus et triomphants », pour le caractĂšre intensĂ©ment passager du temps trouver dans une seconde lâinfini de la jouissance », pour la BeautĂ© naturelle que couronne, en la transfigurant, participant du beau artistique, la BeautĂ© des femmes â Ă une Ă©poque oĂč elles Ă©taient encore loin dâĂȘtre trĂšs gĂ©nĂ©ralement remplacĂ©es par leur simulacre publicitaire â, BeautĂ© qui, comme lâodeur, se rĂ©vĂšle Ă©phĂ©mĂšre, toujours mouvante, en route vers sa propre dissolution, ou sa propre renaissance pour un paysage par exemple, toujours changeant, comme un visage fĂ©minin, je veux dire dâune femme rĂ©ellement belle, pas de ces caricatures du beau cinĂ©matographique, beautĂ©s de vignettes » oĂč lâon sent toujours suinter les exhalaisons vides de la marchandise. A la sobre formule philosophique des odeurs vĂ©gĂ©tales et animales, ajoutons Ă©galement, ou plutĂŽt incluons et soulignons plus particuliĂšrement, le profond parfum Ă©manĂ© des corps fĂ©minins, cher au PoĂšte, en particulier de la chevelure. Je cite ici Baudelaire dans une lettre Ă Madame Sabatier juste aprĂšs que celle-ci se soit, pour la premiĂšre fois, donnĂ©e tout entiĂšre Ă lui Adieu, chĂšre bien aimĂ©e ; je vous en veux un peu dâĂȘtre trop charmante. Songez donc que quand jâemporte le parfum de vos bras et de vos cheveux, jâemporte aussi le dĂ©sir dây revenir. Et alors, quelle insupportable obsession ! » Nous allons voir maintenant, via un Ă©chantillon analytique dâexemples poĂ©tiques, comment ce thĂšme irrigue toute la poĂ©sie des Fleurs, avec au centre toujours cette mĂȘme inaltĂ©rable et richissime obsession â dont nous Ă©tudierons la raison â pour le parfum des femmes â mi pare sentir odor di femina, comme sâĂ©crie Don Giovanni dans lâopĂ©ra mozartien du mĂȘme nom ! Ecoutons le final de La chevelure quâil serait bon de connaĂźtre par cĆur Longtemps ! toujours ! ma main dans ta criniĂšre lourde [notez en passant lâhabituelle et juste comparaison avec le fĂ©lin] / SĂšmera le rubis, la perle et le saphir, / Afin quâĂ mon dĂ©sir tu ne sois jamais sourde ! / Nâes-tu pas lâoasis oĂč je rĂȘve, et la gourde / OĂč je hume Ă longs traits le vin du souvenir ? » Je souligne lâexpression clef qui, telle lâalpha et lâomĂ©ga de ce bref manifeste surrĂ©aliste de toute beautĂ©, nous ramĂšne inĂ©vitablement en son dĂ©but Ă toison, moutonnant jusque sur lâencolure ! / Ă boucles ! Ă parfum chargĂ© de nonchaloir ! / Extase ! Pour peupler ce soir lâalcĂŽve obscure / Des souvenirs dormant dans cette chevelure, / Je la veux agiter dans lâair comme un mouchoir ! » Extase, le mot nâest pas rare chez Baudelaire, et il a tout de mĂȘme une petite dizaine dâoccurrences dans les Fleurs. Il sây voit toujours liĂ© Ă la VoluptĂ© et Ă lâusage concentrĂ© des correspondances, par exemple dans Les bijoux Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur, / Ce monde rayonnant de mĂ©tal et de pierre / Me ravit en extase, et jâaime Ă la fureur / Les choses oĂč le son se mĂȘle Ă la lumiĂšre » je souligne. La chevelure par Henri Matisse illustration pour Les Fleurs du mal, 1947. Ici la chevelure se mue en prĂ©texte Ă un dĂ©filĂ© de termes successifs de comparaisons dont aucun nâen Ă©puise la richesse et dont lâensemble dĂ©roulĂ© ne rĂ©vĂšle que lâinĂ©puisable, lâauteur souhaitant lui-mĂȘme y revenir Longtemps ! toujours ! » toison qui moutonne, mouchoir quâon agite, forĂȘt aromatique oĂč vit tout un monde lointain, absent, presque dĂ©funt », houle qui enlĂšve le poĂšte comparaison valant pour ses fortes tresses », mer dâĂ©bĂšne avec un Ă©blouissant rĂȘve / De voiles, de rameurs, de flammes et de mĂąts », et Un port retentissant oĂč mon Ăąme peut boire / Ă grands flots le parfum, le son et la couleur », soit la riche matiĂšre de lâart des correspondances, noir ocĂ©an oĂč lâautre est enfermĂ© », Cheveux bleus, pavillon de tĂ©nĂšbres tendues », criniĂšre lourde, oasis oĂč je rĂȘve », et enfin, la gourde » oĂč le poĂšte hume Ă longs traits », tant le dĂ©sir est profond, le vin du souvenir ». Continuons Sur ta chevelure profonde / Aux Ăącres parfums, / Mer odorante et vagabonde / Aux flots bleus et bruns, / Comme un navire qui sâĂ©veille / Au vent du matin, / Mon Ăąme rĂȘveuse appareille / Pour un ciel lointain. » Le serpent qui danse. Ses cheveux qui lui font un casque parfumĂ©, / Et dont le souvenir pour lâamour me ravive. » poĂšme XXXII, sans titre. Le dĂ©sert et la forĂȘt / Embaument tes tresses rudes, » LVIII, Chanson dâaprĂšs-midi. Pour le dire plus prosaĂŻquement, la petite madeleine de Baudelaire, câest la chevelure fĂ©minine ! Nâa-t-il pas trouvĂ© son paradis extatique â son rapport paradisiaque Ă la temporalitĂ© â dans les parfums suaves et nuancĂ©s de la chevelure de la femme, au cĆur des gestes langoureux de la VoluptĂ©, loin des odeurs rances ou cadavĂ©reuses et de lâhorreur nausĂ©abonde des usines, des commerces et des fabriques, dĂ©jĂ sataniques et insensĂ©s, de son temps, ainsi momentanĂ©ment Ă©loignĂ© de cette sociĂ©tĂ© oĂč ça sent la Destruction » ? Si un tel goĂ»t, Ă ce point affirmĂ© en des vers mĂ©morables, fait le propre du gĂ©nie de Baudelaire, la Bible possĂšde dĂ©jĂ deux ou trois chatoiements qui ne sont pas, Ă ce sujet, sans beautĂ©, mĂȘme si la prĂ©cision poĂ©tique et physique nây est pas pareillement impliquĂ©e. En effet, sa chevelure odorante ne fait pas le moindre des attraits de la divine fiancĂ©e du Cantique des cantiques comme en rend justice cet impeccable verset ta tĂȘte, sur toi, comme le Carmel, et les boucles de ta chevelure comme la pourpre. Un roi est enchaĂźnĂ© par les ornements de ta tĂȘte. » Cantique des Cantiques 7, 6 ; je souligne, quâElle puisse enchaĂźner un roi par les ornements de sa chevelure, toute cette munificence mĂȘlĂ©e Ă la chevelure, câest dĂ©jĂ , mais en soi seulement, ce quâexprime Baudelaire.Lorsquâil en vient Ă parler de la belle Madeleine, le Nouveau Testament se montre imprĂ©gnĂ© de la vive mĂ©moire des versets dĂ©crivant la beautĂ© de la fiancĂ©e, non sans mĂȘler le parfum et la chevelure Marie donc, ayant pris une livre de parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de JĂ©sus et lui essuya les pieds avec ses cheveux ; et la maison fut remplie de lâodeur du parfum. » Jean 12, 3. A ce moment prĂ©cis du rĂ©cit Ă©vangĂ©lique, les parfums et la VoluptĂ© viennent signifier un comble du sacrĂ© â et de la dĂ©pense qui lui est liĂ©e, ce quâun disciple cĂ©lĂšbre, entendant celle-ci trĂšs prosaĂŻquement, ne manqua pas de reprocher au divin maĂźtre non sans amertume. Chez Baudelaire Ă©galement les fastes de la jouissance rayonnent avec plus dâardeur lĂ oĂč le sacrĂ© afflue â en un sens nouveau. Nous le verrons de prĂšs avec le poĂšme Causerie, centrĂ© sur le sacrifice dionysien du cĆur, consumation paradisiaque offrant la synthĂšse â comme scellĂ©e par un coup de foudre â de la fabuleuse union poĂ©tique quâest tout amour pourrais encore explorer les vastes pans de la littĂ©rature midrashique, trouvant des dĂ©tails de la mĂȘme veine, mais toujours cette affaire ne se retrouve quâĂ un Ă©tat embryonnaire comparĂ© Ă lâampleur sans prĂ©cĂ©dent et toute nouvelle quâelle prend chez Baudelaire, comme si un non encore dit de lâhistoire et de la religion â bien que souvent Ă©prouvĂ©, en lien notamment aux religions orientales, bĂ©nĂ©dictions odorifĂ©rantes de lâInde ou de lâArabie, etc. â, liĂ© Ă la plus intime perception du sacrĂ©, trouvait chez lui, enfin, sa vĂ©ritable formulation... Parfum exotique par Henri Matisse illustration pour Les Fleurs du mal, 1947. Mais jâaborde maintenant le parfum de la femme en gĂ©nĂ©ral, Ă travers une petite flottille dâoccurrences, puis, enfin, les parfums Parfum exotique Quand, les deux yeux fermĂ©s, en un soir chaud dâautomne, / Je respire lâodeur de ton sein chaleureux, / Je vois se dĂ©rouler des rivages heureux / QuâĂ©blouissent les feux dâun soleil monotone ». Ici, les senteurs, passagĂšres comme les minutes des caresses langoureuses, se convertissent en la rĂ©miniscence de la BeautĂ© immĂ©moriale, celle dĂ©peinte dans La vie antĂ©rieure. Nous retrouvons la poĂ©tique du Temps au cĆur de lâodeur de la femme, cette CircĂ© tyrannique aux dangereux parfums ».Jâouvre le trente-sixiĂšme poĂšme des Fleurs, Le balcon, y dĂ©couvrant tout de go comment les parfums fĂ©minins sây distinguent, au centre mĂȘme de la situation â Ă serments ! ĂŽ parfums ! ĂŽ baisers infinis ! » â le mouvement chemine ici vers le plus intĂ©rieur extĂ©riorisation par la parole, inhalation nourrissant lâintĂ©rioritĂ©, unification de lâintĂ©riorisation et de lâextĂ©riorisation dans le baiser. Câest dans cette atmosphĂšre oĂč se respire le parfum dâune femme que lâon retrouve une nouvelle fois le temps liĂ© Ă la rĂ©vĂ©lation magnĂ©tique de lâimmĂ©morial Je sais lâart dâĂ©voquer les minutes heureuses ». La respiration de lâodeur va ici jusquâau sang En me penchant vers toi, reine des adorĂ©es, / Je croyais respirer le parfum de ton sang. » Autrement dit, lâodeur respirĂ©e du corps fĂ©minin nâest pas de lâordre de sa surface ou son apparence, mais touche Ă sa substance mĂȘme, son essence. Plus loin encore, il boit son souffle, ce que ponctue le duo de contradictoires complĂ©mentaires et bachiques ĂŽ douceur ! ĂŽ poison ! » Je souligne le contraste. Parfums et baisers infinis se trouvent tous deux liĂ©s Ă une respiration qui se boit voir encore le poĂšme Le LĂ©thĂ©, oĂč les baisers sont comparĂ©s Ă ce puissant fleuve dâoubli, comme un poison, un vin ou du sang, bref comme lâivresse la plus profonde et contradictoire oĂč lâon retrouve autant de thĂšmes baudelairiens le vampire, le vin, lâivresse de lâassassinat par le poison, ou celui-ci comme mĂ©taphore de la jouissance, Un fantĂŽme, la seconde partie de ce long poĂšme, intitulĂ©e Le parfum, mâinterpelle. Deux analogies puissantes concourent Ă sa charpente trĂšs pensĂ©e entre le pouvoir de rĂ©miniscence dâodeurs simples de lâencens dans une Ă©glise, dâun sachet de musc et celui du corps adorĂ© » dâune femme oĂč cueillir la fleur exquise du souvenir ; entre le corps fĂ©minin et celui dâun fĂ©lin. Je retrouve la mĂ©taphorique chevelure, magnifiĂ©e, au centre de cette ode miniature Ă lâodorat sensible et sensuel De ses cheveux Ă©lastiques et lourds, / Vivant sachet, encensoir de lâalcĂŽve, / Une senteur montait, sauvage et fauve ». Dans le poĂšme XLII, destinĂ© Ă Madame Sabatier, sans titre, je lis Sa chair spirituelle a le parfum des Anges ». Du fĂ©lin lorsquâil se souvient de Jeanne Duval, Ă lâAnge lorsquâil songe Ă Madame Sabatier, ange et bĂȘte, en opposĂ©s tranchants, se mĂȘlent pour qualifier la richesse du parfum du corps fĂ©minin. Voyons maintenant ce quâil en est pour les parfums en gĂ©nĂ©ral. Dans le poĂšme XXXIV, Le chat, je relĂšve Un air subtil, un dangereux parfum / Nagent autour de son corps brun. » Les propos sont de mĂȘme teneur que pour lâodeur de lâaimĂ©e, toujours lâanalogie entre le fĂ©lin et la femme. Mais voici surtout Le flacon, oĂč le parfum est nommĂ© une Ăąme » qui jaillit toute vive de celui-lĂ ou le souvenir enivrant », Ă©tant ainsi spiritualisĂ© et mĂȘme anthropologisĂ© ».Chacun pourra par lui-mĂȘme relire ces poĂšmes et mĂ©diter, avec ses propres souvenirs et sensations, câest-Ă -dire dâune façon toute concrĂšte et vivante, la puissante mĂ©taphysique des parfums dĂ©couverte, et par lĂ dĂ©voilĂ©e dans toute sa rayonnante universalitĂ©, par Baudelaire, si grand poĂšte des parfums sans doute dâabord parce quâil est le grand mĂ©taphysicien du Temps et quâen la sensation de ceux-lĂ , si Ă©phĂ©mĂšres, volatiles, lâair de rien, câest dâabord la jouissance-connaissance du Temps qui se joue et rejoue passionnĂ©ment pour le vivant qui parle. Le Parfum par Henri Matisse illustration pour Les Fleurs du mal, 1947. Si, parmi les poĂštes modernes, les parfums ou plus particuliĂšrement ceux de la chevelure ne semblent pas revĂȘtir lâimportance quâils trouvent Ă merveille chez le singulier Baudelaire, parmi les peuples antiques oĂč brille lâexpĂ©rience du sacrĂ©, en revanche, cette primautĂ© accordĂ©e aux parfums coule de source. Par exemple, chez les Grecs la coutume voulait que lors des hĂ©catombes voir par exemple LâIliade et LâOdyssĂ©e qui en regorgent littĂ©ralement, les os et la peau des animaux sacrifiĂ©s soient brĂ»lĂ©s pour les dieux, la croyance voulant alors que ceux-ci respirent les bonnes odeurs montant vers lâOlympe et sâen nourrissent. Cela expliquerait au passage, et pour partie, la cĂ©lĂšbre sentence dâHĂ©raclite telle quâAristote nous lâa transmise [2] Si toutes choses devenaient fumĂ©e kapnos, vapeur, fumĂ©e, celle des sacrifices notamment, on les connaĂźtrait racine gignĂŽskein par le nez » autrement dit par leur odeur une fois consumĂ©es. Le mĂȘme HĂ©raclite aurait dit Ă©galement, posant ainsi lâanalogie entre la variĂ©tĂ© des parfums et celle du divin Le dieu est jour et nuit, hiver et Ă©tĂ©, guerre et paix, surabondance et famine ; mais il prend des formes variĂ©es, tout de mĂȘme que le feu, quand il est mĂ©langĂ© dâaromates, est nommĂ© suivant le parfum de chacun dâeux. » Ce qui prouve assez lâimportance de la connaissance par le nez chez les Grecs, connaissance ici simple et empirique en mĂȘme temps que profonde et universelle, et la valeur accordĂ©e aux saintes odeurs des sacrifices dont les volutes Ă©vanescentes, diverses et changeantes rappellent Ă lâhomme sa finitude tout autant que, montant vers les dieux, elles relient au feu de la divinitĂ© le feu qui ne se couche pas », dont parle le mĂȘme HĂ©raclite, Ă©lĂ©ment impĂ©rissable par contraste avec la fumĂ©e volatile. De mĂȘme, si jâouvre une Bible, lâencens, la cinnamome, le nard, lâaloĂšs, le safran, la cannelle, les mandragores, les figuiers et les vignes en fleurs, etc., ou lâodeur des agneaux sacrifiĂ©s Ă Pessah la PĂąques juive, ne manqueront pas de venir chatouiller mes narines flattĂ©es, troublĂ©es et reconnaissantes. De mĂȘme encore, si jâĂ©tudie les civilisations de lâInde, de la Perse, de la Chine, etc., partout les parfums favorables flottent dans lâair et signalent la saintetĂ©. Le paradis dâEden nâest-il pas censĂ© ĂȘtre un paradis de parfums suaves », comme le chante le rĂ©cit de la Dormition de Marie ? La GĂ©henne, au contraire â comme la conscience maudite de lâEternel » dans Les Chants de Maldoror â, un lieu atrocement pestilentiel ? Mais, si la littĂ©rature des peuples anciens fourmille dâindications, parmi les modernes, sur ce plan de lâattention aux parfums, câest chez Baudelaire que refleurit vraiment le champ du sacrĂ©, et Ă sa suite chez quelques autres Ă©crivains, comme Proust par exemple. Tous les fleuves dâeffluves odorifĂ©rantes qui ont caressĂ© la narine des dieux, dans lâOlympe ou les cieux bibliques, Ă travers tant de milliers de rites effectuĂ©s, sâavivent, sâĂ©coulent et confluent Ă nouveau, conservĂ©s dans le souvenir... La chose, tant elle sâavĂšre rare, doit ĂȘtre plus que soulignĂ©e, lâexpĂ©rimentation poĂ©tique, dans une langue de lâĂąme pour lâĂąme », de la vĂ©ritĂ© des parfums et de lâodorat nâavait comme telle jamais Ă©tĂ© entreprise par personne Baudelaire ici trouve du nouveau. Il prouve, pour paraphraser et actualiser Aristote, quâil nây a rien dans la raison la plus Ă©laborĂ©e â ici la raison poĂ©tique ayant pour pilier les correspondances et le sens de lâanalogie universelle â qui â pour le poĂšte possĂ©dant Ă loisir la dite raison, pas pour le premier venu bien sĂ»r â ne se trouve dans les sens, et mĂȘme dans un seul sens oĂč tout le corps pneumatique et physique vient se lover et se concentrer lâodorat. RĂ©ciproquement et tout uniment, il nây a rien qui soit dans cet odorat singuliĂšrement puissant et pensant du PoĂšte qui ne soit dans sa raison poĂ©tique, laquelle comprend le monde entier puisquâelle lâa conçu. Comme Sade a pu le dire du goĂ»t [3] en affirmant quâune dragĂ©e [4] valait tout lâunivers, le poĂšte expĂ©rimente que la respiration pensĂ©e et verbalisĂ©e de la chevelure de son aimĂ©e vaut tout le monde dĂ©multipliĂ© de sa pensĂ©e et de sa vie, que tout sây retrouve, ramassĂ© et subjuguĂ©. La raison et les sens se conseillent, se supplĂ©ent. Le Serpent qui danse par Henri Matisse illustration pour Les Fleurs du mal, 1947. Amenons ce point vers sa conclusion en citant IsaĂŻe 3, 24, Ă propos de lâheure de jugement sĂ©vĂšre de la fille de Sion dont la riche beautĂ© apprĂȘtĂ©e se voit ainsi flĂ©trir dâun seul coup pour cause dâinversion eschatologique Ă la fin des temps Et il arrivera quâau lieu de parfum il y aura pourriture ; et au lieu de ceinture, une corde ; et au lieu de cheveux artistement tressĂ©s, une tĂȘte chauve ; et au lieu dâune robe dâapparat, un sarrau de toile Ă sac ; flĂ©trissure, au lieu de beautĂ©. â » Ce jeu des contraires me rappelle Une charogne â quel cadavre exquis ! â, exceptĂ© quâici la beautĂ© et lâhorreur restent dâabsolus opposĂ©s, la beautĂ© nâĂ©tant pas lue et affirmĂ©e jusque dans la description poĂ©tique et scientifique de lâhorreur, chose que seule le caractĂšre satanique » de la poĂ©sie moderne, selon les besoins de notre esprit, creuse et formule esthĂ©tiquement, se distinguant en cela radicalement de la poĂ©sie antique. IsaĂŻe nous en instruit, le parfum concentre mĂ©taphoriquement la BeautĂ© et la Vie, par opposition Ă la pourriture lâodeur de la » mort qui symbolise tout le contraire. Cette double analogie est Ă©vidence pour la poĂ©sie depuis dâinnombrables lustres, mais il importe dâen dĂ©celer le sens. Lâodeur dit, mĂ©taphysiquement parlant, le rapport des ĂȘtres Ă la Vie ou Ă la Mort, comme Ă la BeautĂ© â et avec elle au Bien, mais un Bien qui a autant Ă voir avec la morale sociale quâil y a de rapport entre la saintetĂ© lumineuse du Bouddha et les modernes entreprises entĂ©nĂ©brĂ©es dâincarcĂ©ration industrielle dans un soi-disant bonheur public â ou au Mal, et ce du fait que la dite odeur soit si intimement liĂ©e Ă la dĂ©composition des corps, comme nous lâavons relevĂ© dâentrĂ©e de jeu. Ainsi, la dĂ©composition ou corruption peut aller dans deux sens contraires, ou plutĂŽt le partage entre les odeurs associĂ©es Ă la Vie et Ă la BeautĂ©, et celles liĂ©es Ă leurs opposĂ©s, se rĂ©percute sur la double entente de la dĂ©composition infini procĂšs de la Vie et variations incessantes des nuances de la BeautĂ© naturelle Vie et BeautĂ© naturelle se dĂ©composent et recomposent sans cesse, ce que cĂ©lĂšbre par excellence le dionysiaque quand sonne lâheure trĂšs verte, fleurie et lumineuse du Printemps prolifĂ©rant, ou celle, bariolĂ©e, chaleureuse et en clair-obscur, de lâadmirable Automne oĂč tant de tonalitĂ©s rĂ©sonnent et qui est tout sauf monotone, ou cadavĂ©rique dĂ©composition dont jouit le ver de la tombe, avec pestilence associĂ©e, plus gĂ©nĂ©ralement vie de ce qui est mort se mouvant en soi-mĂȘme ». Deux rapports au temps diamĂ©tralement opposĂ©s qui, lâair de rien, nous plongent aux racines de la mĂ©taphysique question de mort, question de peut le constater tous les jours. Nos contemporains consomment toujours plus massivement des ersatz de parfums, et autres marchandises cosmĂ©tiques, que la publicitĂ© sait leur vendre et qui font rentrer encore davantage lâemprise cybernĂ©tique dans les mĆurs. Mais cette volontĂ© quasi maniaque de sâenrober dâartificialitĂ©s cosmĂ©tiques quâaura usinĂ©es la chimie industrielle ne place pas nĂ©cessairement du cĂŽtĂ© de la Vie... car nous sommes lĂ trĂšs loin de cet art des cosmĂ©tiques quâapprĂ©ciait Baudelaire â et qui se dĂ©veloppa beaucoup avec le siĂšcles des LumiĂšres, qui fut aussi celui des parfums et de leur art â, tant, comme lâart culinaire, il pouvait ĂȘtre proche de la vie quotidienne pour lâembellir et la bonifier comme on le dit de lâĆuvre du temps sur un bon vin, mais seulement sur un bon vin. Aujourdâhui, ces deux arts, cosmĂ©tique et culinaire, comme la Vie quâils Ă©taient censĂ©s embellir, semblent ĂȘtre tombĂ©s subrepticement dans une fosse Ă purin, mĂȘme si cette dĂ©gradation catastrophique sâest poursuivie assez lentement, avant de sâaccĂ©lĂ©rer brutalement avec lâavĂšnement du Spectacle planĂ©taire. Dans la prĂ©sente sociĂ©tĂ© â oĂč ce ne sont plus les saintes odeurs des sacrifices que reçoivent les narines heureuses dâElohim et de Zeus dans les cĂ©lestes hauteurs, mais une prolifĂ©ration de pestilences et de gaz Ă effet de serre, signes dâune autre Ă©poque ! â, les voici devenues lĂ©gions les odeurs artificiellement fabriquĂ©es dans le cas des parfums industriels ! Le prĂ©texte Ă la multiplication de ces ersatz se dĂ©double dâune part, enfouir les odeurs naturelles du corps â qui ne sont certes pas toutes agrĂ©ables â les artificialisant ainsi davantage ; dâautre part, recouvrir les diverses pollutions olfactives dâun univers de plus en plus aliĂ©nĂ©, donc irrespirable â et littĂ©ralement quâon ne peut plus sentir. Une guerre permanente des odeurs a lieu, mais chimie contre chimie, car les odeurs naturelles nâont pas part Ă lâhorrible combat â dont les zones urbaines ou dâagriculture intensive sont les champs de bataille â, Ă©tant rapidement dĂ©truites par les diverses pollutions. StĂ©phane Zagdanski, dans Les joies de mon corps, Ă lâintĂ©rieur dâun trĂšs beau texte intitulĂ© Odeur de saintetĂ©, insiste sur cette falsification des sens par un certain fonctionnement social Les Chinois, moins optimistes, parlent carrĂ©ment de perversion des sens par leur usage civilisĂ©. â Peinture, musique, parfums, cuisine, prĂ©dilections du cĆur corrompent [mais jâajoute â pas â quâils peuvent aussi les parfaire] la vue, lâouĂŻe, lâodorat, le goĂ»t, le jugement â Ă©nonce Marcel Granet. Ces cinq perversions vous font perdre votre sing, soit â lâessence qui vous est propre â, autant dire, votre parfait parfum, ce qui donne le la Ă vos autres sensations. » Toutefois, Zagdanski le rĂ©pĂšte plus dâune fois, lâodorat entre tous les sens est le moins aisĂ©ment falsifiable, celui qui permet de discriminer, de trancher, de juger. â Oui, ici-bas a une odeur de cuisine â, dit MallarmĂ©. Câest comme si seul lâodorat Ă©chappait Ă la propagande, comme si le nez seul disposait dâune polaritĂ© indĂ©niable. » Comment ne pas ĂȘtre dâaccord ? Toutefois, en ajoutant et câest capital mais seulement pour celui dont lâodorat sâest dĂ©jĂ Ă©duquĂ©. On peut fort malheureusement imaginer un monde oĂč lâĂ©ducation de ce sens radar, lâodorat, nâaurait plus cours comme traditionnellement au contact des Ă©manations odorifĂ©rantes du Printemps, vĂ©ritable boussole en cette matiĂšre, un monde dâersatz chimiques dâoĂč la Nature, sauf rares lieux oĂč on la maintiendrait de force emprisonnĂ©e et Ă distance, pour ainsi dire cloĂźtrĂ©e sous verre », serait, dans sa grande plĂ©nitude florale et orchestrale, marginalisĂ©e, voire bannie. Câest dĂ©jĂ le cas dans un certain nombre dâendroits oĂč sâexpĂ©rimentent les progrĂšs de lâaliĂ©nation, comme les quartiers dâaffaires La DĂ©fense par exemple, ou les nouvelles mĂ©gapoles cybernĂ©tiques comme DubaĂŻ. En effet, monseigneur ProgrĂšs » et trĂšs puissante dame Industrie », ces despotiques ennemis de toutes poĂ©sie », comme dit Baudelaire, veillent nuit et jour Ă moudre le grain mortifĂšre dâune pareille infamie, afin que dĂšs lâenfance lâhumanoĂŻde nâait plus Ă faire quâavec les propagandes du Spectacle, des fleurs de synthĂšse souvent sans odeur, des parfums bon marchĂ© falsifiĂ©s correspondant Ă tel ou tel modĂšle de spectateur masculin ou fĂ©minin, des dĂ©odorants et des dĂ©sodorisants industriels, bref un univers atrocement atrophiĂ© oĂč mĂȘme lâodorat ne puisse plus rĂ©ellement sâĂ©duquer. Comme lâĂ©nonce lâarticle Ablution du dixiĂšme fascicule de LâEncyclopĂ©die des nuisances Et lâon ne se contente plus de prĂŽner lâusage de dĂ©odorants, vĂ©ritable gomme Ă effacer la puanteur salariĂ©e lâemployĂ© ne transpire plus dans lâeffort, mais il sue lâangoisse ; ce nâest plus la poussiĂšre de lâatelier qui vient se coller Ă sa peau, mais celle qui circule partout avec la pollution ; on invite en outre maintenant les consommateurs Ă un audacieux dĂ©passement, nĂ©gation parfumĂ©e de la nĂ©gation de la puanteur, qui Ă coup dâexhalaisons de synthĂšse tire le bouquet final de cette dĂ©chĂ©ance de lâodorat, et nous rappelle quâau dĂ©but de ce siĂšcle la mĂ©decine pouvait remarquer, prenant pour exemple les vidangeurs, que "la finesse de lâolfaction se perd par lâhabitude de vivre au milieu dâodeurs trĂšs fortes." » Les Fleurs du mal par Henri Matisse, 1947 [5]. Jâajoute, pour avoir eu une fois Ă subir, comme bien des gens, dans les toilettes dâun restaurant moderne », lâagression de tel pulvĂ©risateur automatique de parfum chimique Ă en perdre toute finesse olfactive pour le quart dâheure suivant, que mĂȘme en subissant peu de temps lâodeur trĂšs forte de lâhorreur chimico-olfactive, lâodorat sâen trouve dĂ©jĂ perturbĂ© et amoindri. Concernant la fabrication industrielle des parfums qui nâexigent gĂ©nĂ©ralement plus dâen passer par de vrais nez, mais se contentent de chimistes du faux, je puise encore dans le mĂȘme texte On est bien loin de lâart des anciens parfumeurs, qui savaient mĂȘler lâorganique du parfum et celui du corporel pour exalter rĂ©ciproquement lâessence et lâexistence. » En effet, aujourdâhui cette subtile diffĂ©rence est rĂ©duite au tout chimique ! Mais rĂ©sumons lâenjeu. Ces ersatz chimiques, dont la prolifĂ©ration accompagnant lâaccĂ©lĂ©ration de lâemprise thanatocratique sâexerçant sur la Vie sâavĂšre somme toute rĂ©cente, nous Ă©loignent donc doublement de toute vĂ©ridique et esthĂ©tique sensibilitĂ© en nous les faisant confondre avec les vĂ©ritables senteurs de la BeautĂ© naturelle et de la Vie ; en minimisant la prĂ©sence de la pollution, si bien que nous ne sentons mĂȘme plus le besoin de nous rĂ©volter contre lâĂ©tat de fait de sa prĂ©sence pourtant constamment abjecte. Bref, avec de pareils moyens, nous ne sentons plus vraiment, ni ce qui devrait nous ravir en extase pour lui-mĂȘme lorsque Baudelaire parle de forĂȘt aromatique » Ă propos de la chevelure de son aimĂ©e, celle-ci ne sâest point enduite de shampoings chimiques et la comparaison entre la profondeur de cette chevelure et celle dâune forĂȘt nâen est que plus juste, de mĂȘme quand il Ă©nonce de son haleine quâelle fait la musique, il nây a point eu la moindre adjonction, le poĂšte nâembrasse pas une marque de cosmĂ©tiques mais sa femme, ni ce qui devrait vraiment nous faire horreur. Par consĂ©quent, nous ne faisons gĂ©nĂ©ralement plus que vĂ©gĂ©ter dans un monde dâinsensibilitĂ© croissante, Ă mesure que nous sommes exposĂ©s Ă des marchandises qui ruinent toujours plus lâacuitĂ© de nos sens par leur pauvre magie frelatĂ©e. Notre faux rapport aux parfums â gĂ©nĂ©ralement aux cinq sens et Ă leur objet â est donc hautement mĂ©taphysique, mais ici dâune mĂ©taphysique complĂštement inversĂ©e, dĂ©niĂ©e, refoulĂ©e, dĂ©composĂ©e, celle de la domination prĂ©sente, sur fond dâanesthĂ©sie câest le cas de le dire des sens, de fausses ivresses artificiellement stimulĂ©es, câest-Ă -dire simulĂ©es, de soumission Ă lâespace de la gestion cybernĂ©tique, dâacceptation de la laideur pendant de lâignorance en guise de principe esthĂ©tique jusquâĂ la numĂ©risation et recombinaison des voix dĂ©shumanisĂ©es par ordinateur, dernier cri du reniement achevĂ© de lâhomme », en attendant le suivant, et, enfin, de lâoblitĂ©ration globale de la mĂ©moire, comme de toute pensĂ©e rĂ©ellement articulĂ©e. Au contraire, si votre Ăąme est vivifiĂ©e par la profonde intuition existentielle et que vous ĂȘtes dĂ©sireux de retrouver toujours les trĂ©sors de la haute mĂ©taphysique des siĂšcles, vous pouvez introduire dans le langage, qui vous constitue et vous meut, la sensibilitĂ©, lâintelligence, la volontĂ©, la raison, lâimagination, la mĂ©moire » Ducasse. Alors se dĂ©ploie lâunitĂ© de la raison et des sens, qui a pour assise le sens des correspondances et de lâanalogie poĂ©tique. Vos cinq sens aimantĂ©s par le seul dĂ©sir de connaĂźtre â par la dĂ©esse du doux dĂ©sir â communiquent intensĂ©ment, se multiplient, se chevauchent, sâenlacent et se ramifient, respirent autrement. Il peut mĂȘme se trouver que leur ivresse devienne, durant un merveilleux laps de temps Ă©piphanique, la jouissance dĂ©bordante de la reconnaissance. Olivier-Pierre ThĂ©bault Saint-Denis de Jouhet, fĂ©vrier 2012. Le feu aux poudres par Fragonard, avant sur toile, 37 x cm. MusĂ©e du Louvre, Paris
. 487 452 97 306 314 131 478 154
se dit d une odeur de parfum